AI, Menace ?

L’IA, opportunité, menace ou défi pour notre société?
A l’occasion de l’European AI Week, qui se tenait du 27 au 31 mars 2023, nous avons assisté à la conférence « Inspirational Session : Overview of the next future in AI - Opportunities & pitfalls for the development of AI in Belgium and Europe ». Hugues Bersini, Luc Steels, Jeremy Lamri, Laurent Hublet, Nicolas Van Zeebroeck, Céline Thillou, et Sofia Palmieri ont livré leurs constats sur les développements de l’IA.
L’IA est un défi de choix pour l’Europe. Technologie encore neuve, tout ou presque est encore à construire. Cette conférence réunissait plusieurs experts du domaine afin de confronter leurs points de vue quant aux attentes, inquiétudes et avancées de l’intelligence artificielle en Belgique et partout en Europe. Entre les difficultés à maîtriser techniquement et le nombre toujours grandissant d’applications que leur trouve le public, découvrons ce que l’avenir nous réserve.
IA : au-delà de l’intelligence humaine?
Hugues Bersini, professeur à l'Université Libre de Bruxelles et connu pour ses recherches sur l'intelligence artificielle, a évoqué les succès paradoxaux d'une IA émancipée, c'est-à-dire le fait qu’elle peut aller au-delà de l'intelligence humaine et créer de nouvelles façons de résoudre des problèmes. L'exemple le plus connu de cette émancipation est AlphaGo, qui a battu par cinq victoires à zéro Fan Hui, le champion du monde de jeu de Go en utilisant une stratégie jamais vue auparavant. C’est possible grâce à la grande quantité de données que l'IA peut traiter, permettant de trouver des modèles complexes que les humains ne pourraient pas découvrir seuls.
Hugues Bersini nous a également fait part de son appréciation de l’IA dans le domaine de la médecine. L'IA peut par exemple comprendre des problèmes complexes liés au cancer. Cette technologie aide à trouver des corrélations entre les gènes et les maladies, mais cela ne signifie pas que nous comprenons parfaitement comment ces gènes fonctionnent. On l’utilise aussi pour détecter les arythmies cardiaques, pour prédire les crises avant qu'elles ne surviennent.
Dans le domaine de l'art, l'IA peut également être utilisée pour créer de nouvelles œuvres. Les outils peuvent être programmés pour imiter le style d'un artiste et créer de nouvelles œuvres qui ressemblent à celles de l'artiste.

Une intelligence qui prend plusieurs formes
Luc Steels, scientifique et artiste belge reconnu comme un pionnier de l'intelligence artificielle en Europe, a tenté de répondre à la question suivante : Avons-nous réellement besoin de l’IA?
La science ne se résumerait pas seulement à des données, mais aussi à l'imagination et à la capacité de créer de nouvelles théories. Il y a deux types d'IA : celle basée sur les données et celle basée sur la théorie. L’IA axée sur les données, c’est par exemple L'IA générative, qui utilise une grande quantité d’informations pour créer des textes, des images et de la musique, en prédisant des éléments et en capturant les données dans un vaste réseau. Cette technologie est étonnante car elle est basée sur des principes simples et permet à l'humain de créer quelque chose de neuf. Cependant, elle ne fonctionne pas de la même manière que la « création » humaine qui implique la pensée et l'élaboration d'un plan. L’IA axée sur la théorie reprend des informations d’experts, elle intègre à son système leur connaissance. La plupart des systèmes actuels sont basés sur les données, ce qui signifie qu'ils apprennent en analysant de grandes quantités de données.
Il y a des avantages et des inconvénients à cette approche. D'une part, l'IA générative peut créer des choses étonnantes comme de la musique ou de l'art. D'autre part, il peut y avoir des problèmes de véracité, car elle peut prendre des échantillons de texte et les assembler pour créer quelque chose de plausible mais pas nécessairement vrai. Cela peut être un problème dans des domaines comme la politique, où la désinformation peut être dangereuse. Un autre problème pas encore résolu aujourd’hui avec les systèmes intelligents est le droit d’auteur. Les données intégrées aux systèmes appartiennent initialement à des individus, et l’IA n’enregistre pas les sources dans lesquelles elle puise les divers éléments.
Que penser de ces systèmes?
Pour terminer la conférence, Jeremy Lamri, Laurent Hublet, Nicolas Van Zeebroeck, Céline Thillou, et Sofia Palmieri, ont répondu à quelques questions sur ces nouveaux systèmes intelligents.
L’un a évoqué l’importance de posséder certaines compétences de base pour s'adapter dans notre société en constante évolution. Ces compétences incluent la créativité, la communication, la pensée critique et la pensée technologique, qui doivent être enseignées dès le plus jeune âge. La pensée technologique, en particulier, doit être intégrée à notre façon de penser à l'avenir. Il est donc primordial de se concentrer sur l'éducation pour former des citoyens capables de faire face aux défis de demain.
Ils ont tous évoqué l’intelligence artificielle comme potentielle aide pour résoudre des problèmes complexes et donner plus de pouvoir aux individus. Cependant, il y a aussi des limites à ce que l'IA peut faire et des problèmes à résoudre, comme celui de la vérité et de l'auteur. Les développeurs d'IA sont conscients de ces problèmes et tentent de les résoudre, mais il reste encore beaucoup à faire pour créer un écosystème sain.
IA, vecteur de progrès
Nous sommes ressortis de là la tête pleine de questionnements. Nous jugeons important de voir l'IA comme une opportunité et non une menace. En formant les citoyens et en s'adaptant aux changements, nous pouvons en exploiter le potentiel pour créer un avenir meilleur.